La baisse des prix de l’immobilier se poursuit
Evolution des transactions, des prix, des investissements locatifs…dans un contexte économique incertain, Charles Marinakis, président de Century 21 , fait le point et livre en exclusivité la note de conjoncture de son réseau.
Comment évolue le marché en France ?
Charles Marinakis : « Selon nos observations, le ralentissement de l’activité continue. C’est la confirmation de ce que l’on a pu constater au cours du second semestre 2022. Nos chiffres de janvier 2023, confirment bien cette tendance. Même si le secteur de la maison résiste, le volume de transactions est en baisse. Pour les appartements, c’est plus compliqué. Globalement, la baisse est de - 6 % sur l’ensemble du territoire national. Nous avions anticipé ce ralentissement.
" Paradoxalement, je pense que c’est une bonne nouvelle. L’ajustement des prix était une impérieuse nécessité pour arriver à débloquer un peu ce marché avec des taux de crédit qui ont fortement augmenté ces 18 derniers mois. Cette baisse est salutaire. J’ai la forte conviction que ce marché dispose d’une incroyable faculté à s’auto réguler. Selon l’expression consacrée, « quand c’est trop cher, c’est trop cher ». C’est un retour à la raison progressif. Très souvent, les vendeurs mettent du temps à accepter de revoir leur prix à la baisse. Cela se régule actuellement. Cette courbe baissière devrait se poursuivre de l’ordre de – 5 à - 7 % en moyenne en 2023, par rapport à l’an dernier. »
Paris sous la barre des 10 000 €/m2 selon Century 21
Paris est un marché qui s’est crispé avec des prix qui, là aussi, s’ajustent. Même si la capitale reste très soutenue notamment par l'apport des investisseurs étrangers qui viennent de la zone dollar. Les prix sont en baisse, avec une moyenne qui passe, selon nos chiffres, sous la barre symbolique des 10 000 €/m2.
"Parallèlement, et c’est la traduction de ce ralentissement, les délais de vente s’allongent fortement dans la capitale (86 jours en moyenne en 2023 contre 44 jours à titre d’exemple en 2011). Quand à l’investissement locatif, il est en forte baisse. Les biens ne se vendent plus aussi facilement, ils doivent avoir des caractéristiques d'emplacement, de la valeur ajoutée...la demande s’est aussi ralentie de l’ordre de – 15%. "
"L’acquisition de biens par les jeunes (âgés de moins de 30 ans selon les chiffres de Century 21) est en fort recul. Les jeunes actifs ont été désolvabilisés par l’augmentation des taux de crédit. Leur capacité d’emprunt a été amputée par les conditions d’octroi des prêts.
De son côté, le marché francilien souligne la bonne tenue des maisons. Si l’on change de logement en Ile-de-France, c’est la maison qui est plébiscitée. "
La rénovation énergétique, quels constats ?
"L’état énergétique du logement est devenu un critère de choix additionnel. Quand on achète où que l’on loue un logement, on regarde sa classification énergétique, ce qui n’était pas le cas il y a encore quelques années. La nouvelle réglementation a eu le mérite d’attirer l’attention sur ce point, ce qui est une bonne chose. Avec le coût de l’énergie, ce dispositif a amplifié le sens et la réalité économique. "
"On observe concrètement que de nombreux propriétaires privés ne feront pas les travaux de rénovation énergétique et vont reporter sur le marché de la vente, la partie locative escomptée. Parce qu’ils ne veulent pas ou parce qu’ils ne peuvent pas financièrement. Je ne suis pas certain que l’on ait trouvé l’équilibre entre l’écologie et l’économie. Cet équilibre à trouver devrait être la préoccupation du gouvernement en matière de logement. Or, j’ai l’impression qu’il y a plutôt un déséquilibre. "
"La volonté de décarboner c’est le sens de l’histoire mais si pour l’immobilier neuf c’est totalement digeste, en revanche pour l’immobilier ancien, ça ne l’est pas."